Dès que l'on parle de voiture, de circuit et de pilotage... on pense tête brûlée qui ne respecte rien du code de la route, que ce soit en ville ou sur autoroute. Mais ce raisonnement n'est pas tout à fait juste; en effet, si tous les amateurs de cognac (ou armagnac, ou whisky, ou ...) étaient des alcooliques, cela se saurait ! Piloter sur circuit impose l'acquisition d'une grande discipline dans la conduite d'un véhicule, contrairement aux trajets sur autoroute, par exemple, où le conducteur se laisse comme porter par son élan et celui des autres le long d'une large bande de bitume sécurisante.
Mais tout d'abord commencer par la base: la sécurité !
La position face au volant est primordiale et fait déjà partie de la sécurité passive. Pour avoir la posture la moins fausse possible: redresser le dossier et avancer le siège de manière à pouvoir poser le poignet sur le haut du volant sans décoller les épaules du siège; bien caler ses fesses au fond du siège car le "popomètre" (une trouvaille de Martin Stucky -> http://joomla.stuckycarsport.ch ) est l'un des principaux indicateur sur la situation du véhicule (accélération, survirage, sousvirage, freinage...); attacher sa ceinture et faire attention à ce que le frottement au cou ne soit pas gênant.
Il va de soi qu'un siège de type baquet ainsi que des harnais (4 ou 6 points) procurent un meilleur maintien et permettent ainsi de ne se soucier que du pilotage et pas de comment se maintenir sur son siège.
De plus, vider l'habitacle de tout objet non arrimé pouvant se transformer en projectile lors d'un freinage, ou même pouvant aller se nicher derrière la pédale de frein, est primordiale.
Sur circuit, le port du casque est toujours obligatoire; mais le port d'une cagoule ignifugée ainsi que de sous-vêtements résistants aussi au feu peut être envisagé, de même que le port de gants et de bottines semblables à ceux des pilotes professionnels.
Maintenant on est prêt à rouler et à faire fondre le bitume: ON THE ROAD AGAAIIINNNN !!!
Alors en fait il reste 2 ou 3 trucs théoriques à assimiler...
Savoir prendre un virage de manière propre et rapide n'a rien d'instinctif, mais reste de l'ordre du faisable. Il existe un vocabulaire propre au pilotage sur piste:
- le point de freinage : on commence à freiner ou on se jette de tout son poids sur la pédale de frein, ça dépend des gens, tout en rétrogradant;
- le point de braquage : on commence à tourner les roues pour prendre le virage, et conserver cet angle de braquage tout le long de la courbe;
- le point de corde : il se situe dans le virage, jusqu'à ce point on freine, à partir de celui-ci on commence à accélérer;
- le point de sortie : moment où les roues avant sont droites (ou presque), ce qui permet d'accélérer à fond; en fait on peut être à fond avant mais si on n'est pas un bon pilote ça fume , ça crisse et ça glisse plus que ça avance ...
Une des règle importante et qui prévaut en toute situation, c'est qu'il vaut mieux rentrer trop lentement dans un virage que trop vite, car si le freinage n'a pas été assez appuyé alors la voiture deviendra souvireuse ou survireuse (souvirage: la voiture a tendance à tirer tout droit, elle ne tourne pas assez -> SOUvirage; survirage: la voiture dérape de l'arrière, les roues arrière ont tendance à vouloir vous dépasser, bref la voiture tourne trop -> SURvirage). En résumé, pour aller vite il faut freiner, très fort et au bon moment; rentrer lentement dans le virage et en sortir vite.
Pour mieux apprivoiser les différentes trajectoires, nous allons analyser 4 types de virages:
Le virage à 90°
Le droite - gauche (ça marche aussi avec gauche - droite... )
Pour ce genre d'enchaînement de virages ou chicane, il y a 2 trajectoires possibles.
La trajectoire en rouge, est ce que j'appellerais la trajectoire d'école, c'est celle que l'on suit dans le cas où la piste est bordée par des barrières ou un mur de chaque côté. La jaune est plus agressive, contraindra plus le véhicule et ne peut-être prise que s'il est possible de "couper" les virages en montant sur les vibreurs plus ou moins violemment.
Evidemment la trajectoire la plus agressive est la plus rapide, mais les contraintes mécaniques qu'elle implique au véhicule font qu'il vaut mieux ne pas la prendre à chaque passage de l'enchaînement de virages. De plus il est impossible de la suivre si la piste est bordée de barrières (comme par exemple sur le circuit du grand-prix de Monaco).
L'épingle
Pour ce type de virage il y a 3 trajectoires possibles.
La grise est la trajectoire dite instinctive; c'est celle que l'on prend par réflexe lorsque ce type de virage se présente. Ce n'est pas la plus rapide, et c'est pour cela qu'il faut tout faire pour se retenir de la prendre.
La rouge est la trajectoire d'école et c'est celle qui permet de passer ce type de virage le plus rapidement possible.
La jaune est la trajectoire agressive, c'est celle que l'on emprunte lorsqu'on veut doubler. On remarque que c'est celle qui a le point de freinage le plus tardif. Cependant, même si le dépassement est réussi à l'entrée du virage au point de freinage, il faut le confirmer à la fin du virage en sortie. En effet, le pilote dépassé suivra la trajectoire rouge et pourra réaccélérer plus tôt que le pilote dépassant qui lui suivra la trajectoire jaune, et le pilote dépassé pourra ainsi repasser devant; c'est ce qu'on appelle des trajectoires croisées.
Le double droite (ça marche aussi avec le double gauche... )
Pour ce type de virage, les 2 trajectoires sont envisageables d'un point de vue théorique; le choix de l'une ou de l'autre dépend de l'angle des virages et de la distance les séparant. Si la distance entre les deux virages est plutôt petite, il vaut mieux privilégier la trajectoire rouge car la forme du virage se rapprochera de celle d'un virage en épingle. Par contre si la distance est plus grande, on abordera le double droite comme 2 virages à droite et on prendra la trajectoire jaune qui se rapproche de celle pour un simple virage à 90°.
Mais ces connaissances acquises lors de stages de conduite ont elles une utilité dans la conduite de tous les jours ? Bien sûr que oui...
Par exemple, l'anticipation est l'une des qualité nécessaire à acquérir si l'on veut améliorer son temps au tour sur un circuit, mais elle peut aussi vous éviter d'avoir un accidents et les conséquences plus ou moins graves qui en découlent. Anticiper c'est prévoir (comme gouverner... ) ce qui pourrait, ou ce qui va, arriver en amont sur la route; cela dépend de 3 facteurs qui peuvent très bien se combiner selon la situation:
- le tracé: ligne droite, virage? Autoroute, nationale, départementale? Campagne, montagne, bord de mer, falaise? Tous les paramètres liés à la situation géographique/topographique
- la météo: la saison? Pluie, vent, gel, neige, soleil? Dans cette catégorie on trouve tous les facteurs météorologiques qui pourraient influencer le comportement du véhicule; par exemple: hiver + pluie la veille + nuit froide + brouillard = risque de verglas ou pluie verglassante et risque de neige en altitude.
- les autres véhicules: comme nous ne sommes pas seuls sur la route il est important de faire attention à ne pas être gêné par les autres utilisateurs et à ne pas les gêner. Voici quelques exemples: être conscient que certains chargements mal arrimés peuvent se détacher et tomber sur la chaussée; prévoir que certains usagers roulent vite (légalement: police, ministre, en Allemagne, sur circuit... ou illégalement: footballeur, conducteur plus pressé pour différentes raison,... ) et qu'il est donc important de regarder dans son rétroviseur (en plus parfois il y a de jolis trucs à voir! ) avant de déboîter.
Ensuite seulement mettre son clignotant et se déporter pour dépasser, et non pas déboîter sans clignotant et le mettre quand on voit dans son rétroviseur que l'on a gêné quelqu'un; avoir son clignotant ne légitime pas la monopolisation égoïste de la voie de dépassement!
De même, anticiper le déboîtement d'un camion évite de se retrouver coincé entre 40 tonnes et un mur en béton!
Enfin il peut arriver que l'on soit victime d'un accident (panne d'essence, crevaison, accrochage, sortie de route, ...). Dans ce cas quelques règles de bon sens peuvent toujours servir:
- Si le véhicule est en état de marche, ou s'il est possible au moins de le pousser, le garer de manière à gêner le moins possible les autres véhicules et ainsi permettre leur circulation!
(On ne reste pas au milieu d'un carrefour juste pour faire un constat pour 2 petites rayures...)
- se mettre à l'abri! A partir du moment où l'on sort du véhicule s'est pour se réfugier derrière une barrière ou se mettre en sécurité loin de la circulation (ne pas oublier de mettre un gilet réfléchissant si on en a un)
- appeler des secours: dépanneur, assistance de la marque du véhicule, pompiers, police (commissaire de piste si l'incident se passe sur un circuit)
- s'occuper des autres personnes impliquées dans l'accident (blessés, en état de choc, ...)
- tout en restant en sécurité à l'abri des autres véhicules, signaler aux autres usagers l'accident par des gestes ou en plaçant un triangle de présignalisation plusieurs dizaines de mètres avant l'accident.
Il va de soi que posséder un kit de premiers soins, une corde, un petit jerrican, des outils, des gants,... peut être très utile. Pour l'extincteur par contre je suis plus dubitatif car leur petit volume ne servira pas à grand chose face à la quantité de matériaux facilement inflammables qui composent une voiture (essence, plastique,... ), alors à moins de prendre un gros extincteur (mais c'est lourd et c'est cher) je n'en vois pas l'utilité, sauf si la loi vous l'impose.
Comme dit le proverbe: qui peut le plus, peut le moins!
Alors n'hésitez pas à faire des stages de conduite avec votre véhicule ou un véhicule de sport (ou votre véhicule de sport! ). Cela vous permettra d'affûter vos réflexes afin d'être plus serein sur la route, pour mieux profiter du peu de pétrole qu'il nous reste.
Quelques liens:
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